Que se passe t-il à Liverpool ??
Hier pour le compte de la 3ème journée de Ligue des Champions, l'Olympique Lyonnais est allé s'imposer à Anfield face à Liverpool. Une victoire logique et méritée qui offre presque la qualification aux hommes de Claude Puel, qui comptent déjà 9 points et trois victoires en autant de matchs. Comme d'habitude, on pense que c'est la bonne année pour l'OL en Ligue des Champions.
Air Gonalons ramène les Gones à Lyon avec trois points dans l'escarcelle
Mais cette année, on le pense peut-être encore plus fort que les années précédentes, quand on voit la prestation livrée hier face un (ex?)-grand d'Europe, qui plus est privé de plusieurs maillons importants. Et quand on voit que Gonalons, 19 ans, remplace Cris au pied levé et que Toulalan dépanne en charnière centrale (tout simplement énorme depuis son replacement en défense centrale gauche, soit dit en passant, Raymond si tu nous lis...), et que l'OL ne perd pas au change, on se dit que cette équipe a un vrai avenir dans la compétition. Alors oui, c'est super, c'est génial, c'est une formidable nouvelle et une bouffée d'oxygène pour le football français, et ça fait du bien.
Raymond, si tu nous regarde...
Mais vous ne m'empêcherez pas de penser que Lyon a aussi eu la chance de tomber sur un tout petit Liverpool, quasiment aussi mal en point que le Milan dès que Sir Gerrard & Torres ne sont pas là. Oui, il faut saluer la prestation des Lyonnais, mais il faut aussi dire que le match se serait certainement terminé au minimum sur un score de parité avec un Liverpool ne serait-ce que moyen.
Les maux rouges
Mais c'est là que le bât blesse. Car en ce moment, les Reds sont pire que moyens : ils sont vraiment mauvais. La série noire est impressionnante : quatre défaites d'affilée toutes compétitions confondues, du jamais vu depuis la saison 1986-87, autant dire une éternité pour un tel club. Les causes de ce malaise sont toutes trouvées : sans son âme et capitaine Steven Gerrard et son buteur en série Fernando Torres, Liverpool n'est presque rien. Comme je vous le disais ce week-end après la défaite à Sunderland en championnat, Liverpool devient une banale équipe de milieu de tableau de Premier League, pas plus, sans ses deux joueurs clé. Incapable de faire la différence en attaque, ça on le savait déjà. Mais le plus inquiétant, c'est que Liverpool a perdu sa solidité défensive, et le déclin soudain de son patron Jamie Carragher n'y est certainement pas étrangé. Comment un aussi bon défenseur peut-il s'évanouir de la sorte ? On pense tout de suite au poids des ans : passé 35 ans, les efforts deviennent plus compliqués. Le seul problème, c'est que Carragher n'en a que 31...
Quiz : parmi ces deux joueurs, lequel ne finira pas le match ?
Ces absences ou ces défaillances individuelles de joueurs cadres expliquent donc beaucoup de choses. Mais il existe aussi des failles beaucoup plus profondes qui sautent aux yeux telle une cerise sur le pudding : un manque de talent évident et une profondeur de banc risible pour un groupe qui aspire à des objectifs nationaux et européens. Les titularisations des jeunes Kelly (aligné sur le flanc droit de la défense), Lucas (double de Mascherano et spectre de Xabi Alonso dans l'entrejeu), ou N'Gog (?) parlent d'elles-mêmes. Torres n'a pas d'attaquant en soutien dans le 4-2-3-1 classique de Benitez (à part peut-être Gerrard lorsqu'il n'est pas blessé, même s'il n'est pas attaquant) ; mais pire que cela, il n'a pas d'avant-centre de remplacement plus crédible qu'un N'Gog certes volontaire, mais qui ne suffit évidemment pas au plus haut niveau. Voronine semble une alternative crédible, mais il n'a pas envie de jouer pour Liverpool, ça se voit, ça se sent à des kilomètres à la ronde. Le départ de Xabi Alonso, quant à lui, n'a jamais été compensé. Ça sera peut-être pour l'année prochaine, si jamais Aquilani revient de blessure un jour... Lucas est un Mascherano bis, avec une bonne dose de talent en moins. Alors d'accord, il n'a pas été plus mauvais qu'un autre hier soir, mais allez comprendre l'acharnement de Benitez à le faire jouer alors qu'il dispose de deux solutions au moins aussi intéressantes sur le banc en les personnes du Frenchie Damien Plessis et du local Jay Spearing. Même âge, même poste, même registre, mais là-encore, pas le même talent...
Leave their poule
A mi-parcours de la phase de poules, le bilan comptable est catastrophique avec seulement une victoire en trois matchs européens (et encore, 1-0 à la maison face à la modeste équipe de Debrecen). En championnat, même constat avec déjà trois défaites. Du coup, les espoirs d'être champion d'Angleterre à la fin de la saison se sont déjà envolés après à peine 10 journées, et ceux d'une qualification en phase finale de Ligue des Champions sont aussi bien entamés. Les symptômes d'une nouvelle saison noire et vierge de titre sont donc bien présents.
Mais la chose la plus grave, c'est peut-être le désamour naissant entre les supporters et le club. On savait les deux copropriétaires américains Hicks et Gillet très impopulaires ; le froid est désormais en train de s'étendre au coach Rafael Benitez, dont les choix sont de plus en plus critiqués. A la manière de son équipe, le public d'Anfield n'avait jamais semblé aussi quelconque qu'en ce moment. L'enfer promis se transforme peu à peu en occasion rêvée pour les supporters visiteurs de se faire entendre dans un stade amorphe, comme ce fut le cas hier soir lorsque les quelques poignées de supporters lyonnais faisaient plus de bruit que 40000 spectateurs désabusés par la prestation de leur équipe. Les fans des Reds attendent un titre national depuis 20 ans. Une attente restée insatisfaite, mais jusque-là compensée par les bons résultats européens du club. Si ceux-ci ne sont pas au rendez-vous cette année, inutile de dire que ça va chauffer dans les chaumières du bord de la Mersey...
En plus de ça, le club est dans une situation financière assez désastreuse. Les deux copropriétaires (Hicks et Gillett) ne peuvent pas se piffrer et souhaitent vendre pendant qu'il est encore temps. Le prince saoudien Fayçal Ben Fahd Ben Abdallah (respiration) est intéressé pour acheter, mais attend d'abord que le club rembourse une dette colossale pour partir sur des bases saines. Le projet de nouveau stade à Stanley Park est au point mort, malgré un permis de construire délivré en 2003. Bref, tout les voyants sont au rouge (un comble...), les caisses sont vides. Et en plus, lorsque quelques dollars tout frais pointent le bout de leur verdure, c'est pour acheter des joueurs blessés (Aquilani) : décidément, rien ne va plus chez les Reds...
Mince, j'ai réussi à faire tout mon article sans employer une seule fois le mot : CRISE. Ça y est, c'est fait...
(crédits photo : Daylife)