René Girard, seul contre tous

Publié le par Bastien

A certains égards, le football et la politique se ressemblent. On s'en aperçoit notamment lorsqu'on observe la relation qu'entretiennent les acteurs de chacun de ces milieux vis-à-vis des médias.

 

En politique (on ne le constate que trop bien en cette période électorale), les journalistes sont une cible toute trouvée pour se défausser de ses responsabilités. Pour n'importe quel candidat en mal de reconnaissance dans l'opinion publique, il est beaucoup plus simple de rejeter la faute sur les vilains médias. On les accuse de tous les maux du pays. On leur reproche leur manque d'objectivité, leurs partis-pris voire leur soutien affiché à l'un ou l'autre des candidats. Bref, le bouc émissaire, le coupable idéal, c'est lui, le journaliste.

 

Le football ne déroge pas à la règle, et dispose même d'un expert en la matière en la personne de René Girard. Il faut dire que l'entraîneur du Montpellier Hérault exploite à merveille la fameuse théorie du complot. Comme en attestent ses propos dans une interview accordée à France Football hier. Morceaux choisis :

 

"Il est logique de voir Paris et Lille aux premiers rangs en fin de Championnat. Le vilain petit canard, c'est nous. On va l'être jusqu'au bout quoi qu'il arrive. Ils font leur Championnat, on fait le nôtre."

 

"Normalement, on ne devrait pas être là. C'est la place de Lyon, Marseille, Paris. Lille est le champion sortant, c'est logique qu'il soit là. Il visait le doublé, l'Europe."

 

"Notre seule inquiétude se concentre sur les trois prochains matches et vise à ne pas tomber dans toute la merde qui se dit sur nous. La merde n'est pas de notre fait. Il y a eu un problème lors du match face à Evian-TG. A vous d'être honnête et de dire qui est responsable de la merde."

 

"Cela ne m'énerve pas car ça vient de gens (les méchants journalistes) qui ne sont faits que pour ça. On nous fait chier pour trois broutilles. On cherche des poux à une équipe qui joue le titre contre deux grosses cylindrées. C'est plus facile de parler de ça que de football."

 

Tout ça dans la même interview, il fallait quand même oser. René Girard l'a fait. Après nous avoir rabaché depuis le début de saison le même discours teinté de fausse modestie, il semblerait que Girard et ses protégés aient du mal à supporter la pression qui augmente au fur et à mesure que la fin du championnat approche. Conclusion : lorsqu'on ne parle pas de Montpellier, ça ne va pas, et lorsqu'on parle de Montpellier, ça ne va pas non plus. N'est pas le PSG, l'OL ou l'OM qui veut.

 

Malheureusement, le déficit voire l'absence d'expérience de Montpellier dans les moments importants (le money-time comme on dit) pourrait bien leur jouer des tours. On ne peut évidemment que souhaiter que le MHSC aille au bout. Ce serait somme toute logique pour l'équipe qui a déployé le jeu le plus chatoyant et avec le plus de régularité en Ligue 1 cette saison.

 

Mais par pitié, que Girard cesse de s'inscrire dans le registre de la victimisation à tendance paranoïaque : on frise l'overdose. L'éventuel sacre qui se dessine au bout n'en sera que plus beau.

 

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La mine enjouée, les crocs acérés : René Girard s'apprête à dévorer un journaliste pour le p'ti déj'


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C
En effet avec la Ligue des Champions...
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A
Ce ne sera pas la même chose la saison prochaine !!!
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