Fais attention Girard, fais attention...

Publié le par Bastien PYZ

 

A quoi joue René Girard ? L'ancien sélectionneur des espoirs, dans la droite lignée de son prédécesseur à ce poste, nous fait du Domenech tout craché après chaque contre-performance de Montpellier : ok, on a perdu, mais bon c'est pas grave, il y a du positif, on a bien joué, je suis content, je vais bien tout va bien au pays des Bisounours. Sauf qu'à force de monter au créneau devant les médias, Girard finit par se tromper d'adversaire. Le dernier match de Montpellier (0-0 à Nancy, ça ne s'invente pas) ne déroge pas à la règle.

 

Pour illustrer mon propos, j'ai délibérément choisi de sortir plusieurs phrases de la déclaration d'après-match de Girard (au risque de les sortir également de leur contexte). Et là, on se rend compte que le Nîmois pure souche, reconverti Montpelliérain pour voler au secours du club sans entraîneur depuis Courbis, manie le contre-pied à merveille (comme Domenech en fait), et excelle dans l'art de dire tout et son contraire presque dans la même phrase. Exemple :

 

« Je ne sais pas ce qui nous a manqué. Il y a eu deux fautes dans la surface ».

Traduction : ce qui a manqué à Montpellier, c'est deux éventuelles fautes non-sifflées dans la surface, donc deux pénaltys potentiels, donc deux erreurs d'arbitrage manifestes. On en vient donc tout naturellement à la sempiternelle conspiration arbitrale.

 

« On n'est pas beaucoup aidé en ce moment ».

Ou le syndrome « si on perd, ce ne peut être qu'à cause de l'arbitre ». Classique. Mais depuis quand le rôle de l'arbitre est-il d'aider l'une ou l'autre des équipes ?

 

« Je ne veux pas détailler là-dessus. Avec Toulouse, ça fait beaucoup ».

Ne dit-on pas que sur une saison, ça s'équilibre ? Et en cherchant à rattraper les « erreurs » de Toulouse, on ne ferait qu'alimenter la théorie de la compensation...

 

« Je crois que ça fait partie du match. L'erreur est humaine. Je n'ai pas revu les actions. Mais j'ai croisé des gens qui m'ont dit que les penaltys pouvaient se siffler. C'est dommage ».

L'arbitre, je l'aime bien, on a bu un coup ensemble dans les vestiaires à la mi-temps. Mais j'ai croisé le cousin germain de l'arrière-petit-neveu de ma belle-soeur par alliance du côté de mon père adoptif, qui connaît quelqu'un qui a vu le match à la télé, qui m'a dit qu'il y avait peut-être un très léger accrochage qui aurait éventuellement pu faire l'objet d'une sanction, éventuellement. C'est dommage.

 

« On ne joue pas par rapport à Lille. Si les Lillois ont gagné, tant mieux pour eux. Ils sont plus forts. C'est logique qu'ils soient devant nous ».

A ce propos, Jean Fernandez surenchérit : « On lutte avec Lille, qui est beaucoup plus fort que nous », ou encore pire avec Marseille : « Ils ont une autoroute devant eux », « L'OM va finir avec dix points d'avance », « Marseille fait un autre Championnat que le nôtre ».

Ou la réincarnation de l'état d'esprit de loser éternel à la française. Les autres sont meilleurs que nous. Si ils sont devant, c'est logique. Si on passe devant, c'est un authentique exploit. CQFD.

 

"Comme je le disais avant le match, je suis très confiant. Je suis super content d'être avec cette équipe, les choses ne se passent pas trop mal. On va s'accrocher jusqu'au bout. Il y a une super rencontre qui se profile à l'horizon contre Lyon. Ce n'est que du bonheur. Je ne vais pas pleurer".

Ca, ça sent le mec débarqué à la tête du club par un concours de circonstances favorables (dont les déboires de Courbis avec la justice), et qui craint pour son avenir la saison prochaine maintenant que le loup repointe le bout de sa queue. Fais attention Girard, fais attention...

 

PS : l'analyse aurait été sensiblement la même avec les propos de Didier Deschamps, qui s'interdit et interdit à ses joueurs de parler d'un titre qui leur tend les bras ; Jean-Michel Aulas, chevalier en croisade qui porte l'intime conviction de batailler seul contre tous (cf. l'affaire Betclic), ou encore les Bordelais Laurent Blanc et Yohann Gourcuff, cibles privilégiées des méchants médias, attirés par l'odeur du sang frais comme dirait Raymond...

 

Mais revenons un peu sur ce que je considère comme un manque d'ambition – mal français par excellence – de clubs comme Montpellier ou Auxerre, aussi petits puissent-ils être et se revendiquer. On est tous d'accord pour dire que la saison que vivent ces deux clubs est tout simplement exceptionnelle compte-tenu des objectifs et des attentes du début de saison (qui se limitent au seul maintien), et de leurs budgets très limités.

 

Mais on ne me fera pas croire qu'une équipe qui a fait toute sa saison devant, à la lutte pour la Ligue des Champions voire même le titre à quelques journées de la fin seulement, se contenterait d'Europa League. Car la Ligue des Champions, c'est de l'expérience à engranger, mais surtout des sous, beaucoup de sous, qui servent notamment à faire re-signer les meilleurs joueurs, à en attirer d'autres, et ainsi de suite.

 

On dit souvent que le foot, ça peut aller très vite, dans un sens comme dans l'autre. Quand un club traverse une zone de turbulence, on n'hésite pas à parler de spirale de la défaite, un véritable cercle vicieux qui veut que plus on s'enfonce, et plus on continue à s'enfoncer. On pourrait aussi parler de cercle vertueux, lorsqu'un club surfe sur une dynamique de victoire – comme Auxerre ou Montpellier aujourd'hui. Mais pour profiter de ce cercle vertueux, encore faudrait-il avoir envie d'y entrer, pour ne pas se retrouver « à la place du con », comme dirait Yohann Cabaye, Lillois et ambitieux...

 


610x-copie-4.jpg« Si je compte reprendre un peu de mauvaise foi en dessert ? Non merci, j'essaye d'arrêter »

 

 

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